«Historiquement objet d’études anthropologiques, ethnologiques et sociologiques, le tatouage est actuellement objet de curiosité populaire et médiatique, mais aussi objet de consommation pour la publicité et la mode qui l’instrumentalise et se servent de son imagerie spécifique pour vendre d’autres messages. L’Histoire de l’art académique dont nous sommes issus en Europe a interdit aux arts populaires de gagner une respectabilité exclusivement offerte à ce que l’on appelle communément « Le Grand Art ». Deux troubles – celui lié à un support non marchandisable et celui d’une pièce réfléchie à deux – a fini par définitivement refuser au tatouage une éventuelle rhétorique artistique. En marge de cette difficulté d’acceptation et de discernement, le tatouage s’est pourtant depuis toujours tenu, de façon autonome, au cœur des trois grands piliers du geste artistique : le sujet, la composition, la technique – constituant avec le temps un répertoire iconographique spécifique définissant ses propres classiques.
Ainsi, la mise en lumière plus franche qui s’opère aujourd’hui autour du tatouage se doit de prendre la mesure d’une histoire artistique faite de fondamentaux, d’historiques, d’initiateurs et d’héritiers, et qui n’a jamais attendu l’air du temps pour exister. La collection Tattoo Art s’inscrit dans cette évidence : une présentation des différentes générations actives et des artistes fondateurs qu’il est aujourd’hui impossible d’ignorer, une proposition d’œuvres forte et inédite dans le paysage actuel. Enfin elle veut établir un premier point d’ancrage en direction des collectionneurs et du monde du marché de l’art.» Anne & Julien