C’est en 1990, au collège Marcel Duchamp de Châteauroux, école d’art expérimental et de création collective, que Fabrice Cotinat, David Legrand et Henrique Martins-Duarte se rencontrent et commencent à travailler ensemble.  Mais c’est à partir de 1999 qu’ils décident de s’engager pleinement dans une œuvre commune en créant la galerie du cartable : structure audiovisuelle portative dans laquelle, tour à tour réalisateur, metteur en scène, acteur et scénariste, ils investissent la création audiovisuelle par le biais du cartable vidéo – espace de projection et de création nomade – et pratiquent un cinéma d’invention dont l’originalité repose sur des dispositifs low-tech de prises de vue et des mises en scène contraintes par des architectures bricolées. Depuis, c’est sous cette signature qu’ils identifient leur travail et situent leurs productions entre la création de situations, d’interventions et la réalisation de films performatifs.  De 1999 à 2003 les perspectives offertes par le cartable-vidéo donnent lieu à montrer et transmettre l’image vidéo dans la vie courante autrement que la télévision l’investit. C’est-à-dire comme un média libre d’études et de recherches filmiques à l’usage d’un petit groupe qui envisage une vie quotidienne expérimentale. C’est comme cela, par exemple, à une période où ils cherchent une autre voie que l’exposition et pendant qu’ils testent et portent leurs films portables dans la rue, les bars, les squares, les jardins, les églises, les cathédrales, les discothèques, les musées, les centres d’art, chez les gens, qu’ils rencontre un autre Homme Portant : Boris Lehman. Avec lui, ils réalisent en 2003 le manifeste en 16 mm de l’art de porter des films légers, une proposition cinématographique visant à porter le film le plus lourd du cinéma belge. Peu à peu, tout en exposant leur activité de filmeurs en transformant les espace d’exposition en plateau de tournage, ils abandonnent l’exposition pour l’espace filmique. « Le film est devenu notre seul lieu d’exposition. » La série des «Dialogues fictifs», fictions réalisée par la galerie du cartable depuis 2004, inspirée du «Dialogues des morts» de Fénelon, met en scène des conversations entre les membres de la galerie du cartable avec des artistes d’aujourd’hui (Michel Aubry, Boris Lehman, Michel Giroud, Françoise Quardon, Joseph Morder, Alain Cavalier) par le biais de personnalités historiques ou imaginaires (Dürer, Beuys, Le Corbusier, Pasolini, Warhol, Filiou, Elvis Presley,  Marie-Madeleine, Roland Barthes, Marguerite Duras, Kokoschka et Gunther Brus). Ces films issus de collaborations bien vivantes génèrent par le biais de la voix de morts célèbres, par des collisions verbales, formelles et visuelles, une réflexion esthétique intrinsèquement constitutif de l’être humain, ce par quoi il est au monde, l’expérience sensible par laquelle s’organisent et s’ordonnent les représentations et les projections symboliques, individuelles ou collectives. Quelles relations entretiennent matière et esprit, technologie et culture, technique et art ? Parallèlement entre 2007 et 2010, lors de plusieurs séjours au Laos dont le dernier de 4 mois, il conduise la construction et l’activation d’un studio multi-média en bambou, dit « studio solaire » à l’école des Beaux-Arts de Luang Prabang, un lieu pour de nouvelle pratiques d’auto-fabrication et d’artisanats numérique pour un programme de recherche et de création filmique reliant les modes de transmission et de représentations lao aux technologies collaboratives.  Avec la création en 2007 de Châteauroux Underground, association loi 1901 pour la promotion d’un art collectif, les membres de la galerie du cartable développent des projets multiples occupant les champs du cinéma, de la vidéo en mutation et des nouveaux médias. Ils combinent sur des plateaux de tournages ou plateau média ce qu’ils appellent : la Ciné-vidéo, le Robotic-Art, la Plastik-filmique, le numéréthique, la télévision performative ou expérimentale.

Ces artistes ont été sélectionnés par le commissaire Ewen Chardronnet dans le cadre de sa collection pour ArtJaws «COSMOS D’ÉCHANGES RECIPROQUES».