Le travail de Javiera Tejerina explore inlassablement la notion de mouvement, selon des approches puisant aussi bien dans la méthode scientifique que dans la symbolique : mécanique des fluides et mythologie de l’insularité sont convoquées pour confronter le regard aux effets de la nature. Posant en équivalence laboratoire et espace d’exposition comme terrains d’observation des phénomènes, elle y modélise des expériences poétiques appuyées sur les éléments, et en particulier sur les fluides, pour les abstraire jusqu’à une grandeur sans dimension. Les corrélations n’y sont plus alors que des vues dans l’esprit. Dans le langage de l’artiste, l’eau renvoie à la possibilité d’un ailleurs lointain, et devient, au travers d’un sentiment océanique toujours à l’œuvre, la métaphore d’un infini surpuissant. Ses œuvres tentent ainsi de circonscrire la capacité de l’eau à éloigner en la mettant en regard avec son utilisation comme moyen de propagation. La même hypothèse de continuité ouvre le regard à la fluidité reliant intérieur et extérieur, présent et passé, ville et nature. Ces tentatives d’opérer une synthèse entre des notions que l’apparence représente comme contraires constituent un questionnement sur l’idée même de représentation comme porteuse d’une illusion de réalité. Les œuvres de Javiera Tejerina invitent alors à creuser en profondeur les images. (Jean-Christophe Arcos)